Le fandom français de Détective Conan: réponses à Fregonese

En 2020, Pierre-William Fregonese m’avait approché ainsi que d’autres fans de la franchise Détective Conan afin de répondre à ses questions et d’enrichir son ouvrage. Le produit final, dont nous avons fait ici la critique n’a retenu qu’une part infime de mes contributions. N’ayant signé aucune close d’exclusivité ni de discrétion auprès de l’auteur ou de l’éditeur Pix’n Love, je reproduis ici les questions de Fregonese et mes réponses dans leur intégralité. Compte tenu des récents développements de la franchise sur le territoire français avec la distribution des trois derniers films en date par Eurozoom, certaines des déclarations suivantes ne sont plus totalement d’actualité.

-Comment avez-vous découvert Détective Conan, et pourquoi avoir décidé de vous investir sur un forum de fans ?

J’ai découvert Détective Conan en 2004 lors de sa diffusion sur Cartoon Network. La culture manga et anime en Suisse était très en retard par rapport au reste de l’Europe, surtout la France, et ce fut donc l’une des premières séries animées adaptées de manga que j’ai regardée de manière soutenue. Grand amateur de récits d’enquêtes et de résolution d’énigmes, la série m’a tout de suite charmée. Plus tard, après une première interruption de la diffusion de l’anime, j’ai découvert que le manga en était déjà à son 52ième tome.

Cette longévité m’avait intrigué et j’ai commencé à acheter régulièrement les tomes que je dévorais. Ce fut ma porte d’entrée vers la pop culture japonaise en général et par voie de conséquence, sur l’infra-monde d’internet, qui n’avait pas la même ubiquité qu’aujourd’hui. De fil en aiguille, j’ai découvert l’existence de forums dédiés à DC et celui de Beika Street me plaisait énormément pour sa dimension créative, étant moi-même dessinateur amateur depuis tout jeune.

C’est à l’occasion d’un projet de « Beikalendar », un calendrier dessiné par les membres représentant des personnages de la franchise, que j’ai décidé de m’inscrire sur Beika Street en décembre 2009. A partir de là, j’ai commencé sans vraiment m’en rendre compte à prendre une place importante dans l’activité créatrice du forum et plus tard sur la recherche d’informations sur les nouveaux chapitres encore inédits chez nous. Étant d’un naturel solitaire et méfiant, partager une passion encore peu avouable à l’époque dans la vie de tous les jours était un moyen de trouver enfin un tissu social approprié.

-Quelle est votre affaire préférée ?

C’est très difficile à dire, car il y a tellement d’affaires que j’aime pour des raisons très différentes. Celle dont je ne me remets pas reste l’affaire des « Inséparables », deux sœurs vivant ensemble. L’une d’elle, ne supportant plus cette cohabitation, décide de supprimer l’autre, et d’utiliser Kogoro complètement séduit, pour l’innocenter du crime.

On apprend plus tard que la criminelle a dû changer de stratégie car son premier plan, consistant à faire respirer des vapeurs toxiques obtenues par le mélange de deux produits ménagers, avait échoué. C’est parce que la victime, consciente du danger, avait retiré les produits, par amour pour cette sœur qui la tuera plus tard. Se rendant compte de l’horreur de son crime, la coupable démasquée serre le corps inanimée de sa sœur, le seul être qui l’aimait pleinement.

-Que pensez-vous de son adaptation en animé ?

L’animé est le médium qui m’a permis de découvrir la série et j’ai donc encore un souvenir ému des 150 premiers épisodes avant l’arrêt de sa diffusion dans les pays francophones. Néanmoins, le manga me permet une plus grande liberté d’interprétation et contrairement à l’animé, je peux lire le manga légalement sans avoir à prendre un abonnement pour une plateforme de streaming. L’animation a aussi beaucoup de hauts et de bas, comme toute série fleuve, ce qui peut parfois diminuer le plaisir du visionnage. Les films d’animation sont de grosses friandises, très formatées mais souvent divertissantes.

De quelles autres œuvres rapprocheriez-vous Détective Conan ?

Détective Conan est en partie inspirée de Lupin III, vénérable franchise créée en 1967 par Monkey Punch et adaptée sur tous les supports. Ce sont les crossovers avec Détective Conan qui m’ont permis de découvrir Lupin. Il est donc toujours plaisant de trouver les influences disséminées dans l’œuvre d’Aoyama. A part des émules très évidents comme le manga Maho-tantei Loki qui possède aussi un protagoniste rétréci, je trouve beaucoup de similitudes avec la bande-dessinée et le dessin animé dérivé de Billy the Cat, scénarisé par Raoul Cauvin. Cette série partage avec DC un protagoniste emprisonné dans une forme limitante, l’impossibilité de le dire à ses êtres chers, une quête pour retrouver sa forme d’origine et un récit initiatique où cette contrainte lui apprend à corriger ses erreurs passées.

Vous êtes au contact des fans, ils préfèrent le manga ou l’animé ? Et pourquoi ?

Je vois vraiment de tout, même si j’ai l’impression que les fans les plus jeunes sont beaucoup plus sensibles à l’image en mouvement qu’à l’art séquentiel mais ils restent très enthousiastes à chaque nouvelle concernant les nouveaux chapitres du manga et beaucoup achètent régulièrement les tomes. Leurs préférences me semblent dépendre plus de la présence de leurs personnages préférés qu’une appétence pour un médium spécifique.

-Votre site avait un forum. Quels étaient les grands sujets qui revenaient et passionnaient les internautes ? L’identité du chef des Hommes en noir, la romance entre Shinichi et Ran, le Kid ou autre chose ?

Je suis arrivé sur le forum lorsqu’il était déjà indépendant du site d’origine. Tous les sujets pouvaient passionner les membres, lors de notre pic d’activité à la fin des années 2000 et début des années 2010, il était rare qu’un sujet n’inspire pas la discussion.

A présent que la face d’internet a changé, où les forums ont été largement évincés par les réseaux sociaux, il est beaucoup plus difficile de savoir ce que les internautes aiment vraiment ou d’engager une discussion construite. Discord, malgré ses défauts, est l’une des meilleures options pour maintenir l’activité de la communauté de Beika Street, après que le forum ai changé une nouvelle fois d’hébergeur.

De nos jours, les personnages « badass » et liés à l’intrigue comme Akai Shuichi, Amuro Tooru ou encore Wakasa Rumi semblent maintenir l’intérêt. Mais les romances et le charismatique Kaito Kid ont encore de fervents admirateurs.

-Si vous aviez à faire un portrait-robot du fan de Détective Conan, quels seraient ses traits principaux ?

Il est ou a été très porté sur la création, notamment en fan-fics, les Français étant après tout un peuple doté d’une forte conscience littéraire. Ils expriment aussi des tendances genrées relativement marquées où les fans masculins et féminins aiment différentes choses, même si ces différences tendent aujourd’hui à s’estomper.

La communauté francophone étant l’une des plus anciennes en activité (les anglo-saxons n’ont découvert Détective Conan qu’assez tard en comparaison), il y a le sentiment d’une plus grande division générationnelle. Pensez que les fans francophones peuvent avoir entre 15 et 45 ans ! Je dénote aussi peut-être une plus grande lassitude.

Comme en France nous attachons une grande importance à l’intégrité artistique et à la qualité au-delà du divertissement, voir une histoire trainer en longueur et dévier légèrement de sa trajectoire initiale peut produire des frustrations et désistements. Mais c’est aussi une communauté qui se renouvelle, en partie grâce aux nouveaux personnages.

-Pour vous, quels sont les films les plus réussis ? Et pourquoi ?

Les films les plus réussis sont pour moi les premiers car les producteurs n’avaient pas encore codifié la formule, ce qui permettait aux différents métrages de ne pas être de complètes redites des précédents. Les films 5 et 6 ont beaucoup d’admirateurs, et on peut les comprendre. Le 5 voit l’entrée des hommes en noir sur grand écran et le 6 ravira les sherlockiens.

De mon côté je considère le tout premier film « Compte-à-Rebours dans un Gratte-Ciel » comme le meilleur car il a pour lui l’effet de surprise, une simplicité de narration, des choix d’angles de caméra inspirés et surtout l’inclusion d’une vraie Némésis plutôt qu’un citoyen lambda comme criminel principal, quelque chose de rare dans la franchise si on excepte les Hommes en Noir. Et à l’intérieur de ce film, il y a un cœur et un sentiment presque élégiaque où on pourrait presque accepter la fin de la série animée.

Le premier film était d’ailleurs au départ conçu en tant que tel, Aoyama ayant songé à arrêter la franchise à ce moment et utilisant des éléments de sa fin prévue pour Magic Kaito pour inspirer les scénaristes du film. Dans les métrages plus récents, le film 23 parvient selon moi à équilibrer tous les ingrédients qui se sont progressivement ajoutés à la formule, entre des scènes d’action généreuses, une romance assez solide avec un dilemme crédible ainsi que du fan-service un peu mieux dosé que ses prédécesseurs.

-Que pensez-vous des adaptations en jeu vidéo ? Quels sont les jeux les plus réussis et pourquoi ?

Hélas je ne joue pas au jeux-vidéos en général et encore moins à ceux tirés de Détective Conan. Il faudra trouver une autre personne à interroger sur cette question. J’avoue ne pas voir beaucoup de gens en discuter dans la communauté, probablement parce qu’aucun ne semble avoir été localisé chez nous.

-Comment voyez-vous la notoriété de Conan en France ? Ça continue de fonctionner ou ça se tasse depuis quelques années ?

Détective Conan a une communauté de fans très dévoués en France, même si elle parait confidentielle en comparaison avec des phénomènes comme les différentes séries du Shonen Jump ou encore Jojo. La fin de la diffusion de l’animé en France a sans doute joué un rôle dans le ralentissement de sa croissance.

Néanmoins on constate depuis quelques années un regain d’intérêt, entre la diffusion de l’animé sur des plateformes de streaming légal, les projets de sorties DVD par BlackBox, malgré la controverse liée à leur mauvaise gestion de la publication, et des projets de diffusion des films sur grand écran en France.

Il serait présomptueux de ma part de prédire l’avenir de Conan dans les pays francophones mais je pense que le meilleur moyen de le perpétuer est de continuer nos activités sur la toile et de convaincre les ayants-droits et les différents éditeurs à sortir et localiser plus d’épisodes et de films d’animation, l’animé ayant une capacité fédératrice très grande. Pour le moment, DC est une franchise historique, qu’on aime encore malgré les lassitudes, entre nostalgie et renouvellement.

La veste verte de Lupin III


A l’heure où j’écris ces lignes, la sixième série de Lupin III a été annoncée avec une sortie prévue pour octobre, et le retour de la veste verte. Si Lupin III est plus souvent associé à la veste rouge, présente dans la majorité des productions tous supports confondus, il n’en demeure pas moins que la verte reste sa principale rivale dans l’imaginaire collectif, étant la deuxième couleur la plus présente dans la franchise, et associée à des étapes-clé de l’histoire de Lupin.

Si le manga originel de Monkey Punch ne permettait pas la plupart du temps de connaître la couleur des vêtements, les quelques pages et couvertures coloriées montrent des variantes, passant de la veste blanche à la veste jaune et effectivement la rouge. Cette dernière couleur était apparemment la plus facile à appliquer en imprimerie, c’est pourquoi les aplats rouges sont si fréquents dans les mangas de cette époque. L’association de Lupin avec la couleur rouge serait donc au départ une question de praticité. La première adaptation animée de Lupin III fut un pilote de 1969, destinée au départ à une sortie cinéma. Une version télé fut aussi produite pour montrer le potentiel de la franchise. Dans ce court-métrage, Lupin porte bien une veste rouge.

Les choses sérieuses ne commenceront que deux ans plus tard, avec la première série d’animation destinée à un public adulte, réalisée dans sa première partie par Masaaki Osumi, avec comme animateur phare Yasuo Otsuka. C’est ce dernier qui aurait décidé de changer la couleur de veste de Lupin en vert, peut-être parce que le rouge bavait en animation avec la technologie de l’époque, ou parce que le vert était plus discret pour un voleur, ou encore parce que Yasuo portait lui-même une veste verte à l’époque aux dires de certains. Suite à des taux d’audience insatisfaisants, la chaîne demanda à Osumi d’adoucir le ton de la série, ce qu’il refusa, préférant démissionner. Il sera ainsi remplacé par le duo Miyazaki/Takahata qui édulcoreront les personnages pour les rendre plus appréciables pour un jeune public. La première série se terminera au 23ième épisode.

la franchise plongea dans une relative torpeur jusq’en 1974 avec le film live. Les rediffusions de la série vont ressusciter l’intérêt du public pour le voleur et sa bande, et la série 2, la plus connue et iconique, sera lancée en 1977. Si la veste rouge prend le pas sur la verte dans cette période, elle ne tardera pas à revenir avec le film Le Château de Cagliostro en 1979, réalisé justement par Hayao Miyazaki. La veste verte reviendra ensuite périodiquement avec La Conspiration du clan Fuma (1987), Le retour de Pycal (2002), Green vs Red (2008), Mine Fujiko to Iu Onna (2011-12), le court-métrage Lupin Family Line-Up (2012), deux épisodes de la partie V (2018), et enfin la Partie VI (2021). Un descendant de Lupin porte la veste verte dans une scène se déroulant dans le futur lointain à la fin du TV Special Elusiveness of the Fog (2007), et la même veste fait une courte apparition dans le premier crossover (2009) avec Détective Conan le temps d’un flashback. Une version de Lupin II, ressemblant davantage à Lupin VIII, porte la veste verte dans un TV special plus ancien, le Dictionnaire de Napoléon (1991).

La veste verte est presque toujours associée à une chemise noire, une cravate jaune clair, un pantalon gris ou bleu foncé voire noir, une ceinture brune quand elle est présente, et des chaussures de même couleur. Les tons peuvent être plus ou moins saturés dépendant de l’esthétique recherchée. Dans l’épisode de la partie V, Lupin troque sa cravate jaune pour une autre rayée blanche et bleue, dans le but de se déguiser. La partie VI modifie légèrement la formule en donnant à Lupin une chemise bordeaux.

La première série TV ayant connu un changement radical de direction à mi-chemin, la veste verte est investie de la double nature du personnage, à la fois hard-boiled et loufoque. L’apport de Miyazaki à la série 1 et son film Cagliostro vont ajouter la dimension héroïque au personnage, la veste verte devenant l’apanage du Lupin « chevaleresque ». Cette dimension est en partie exploitée dans l’OAV Green vs Red où le protagoniste Yasuo, portant une veste verte, veut devenir le vrai Lupin, et n’hésite pas à se montrer héroïque plutôt que véritablement criminel, allant jusqu’au sacrifice de sa vie normale pour suivre son idéal, même si ce dernier s’avère finalement tragiquement égoïste. Cet OAV explore plus généralement ce que représente Lupin, avec de nombreux doubles incarnant plus ou moins une facette du personnage. Yasuo est cependant le seul à porter une veste verte et à pouvoir se mesurer sérieusement au vrai Lupin portant du rouge, renforçant dans les consciences la dualité entre les deux couleurs.

Les autres apparitions de la veste verte auront pour but d’évoquer les productions précédentes, par nostalgie ou par volonté de s’associer à l’univers des premiers. C’est ainsi que Fuma, à la fois film et OAV, et produit après la période peu appréciée de la veste rose, revient à un style très Cagliostro, autant dans la forme que le fond, veste verte comprise. Le but est clairement d’évoquer la version Miyazaki du personnage. Pour Mine Fujiko To Iu Onna, c’est le même processus mais pour une inspiration inverse. La série spin-off fonctionnant en partie comme une préquelle à la série 1, le choix de couleur des personnages s’y apparente tout en se rapprochant du manga dans le chara design, formant une sorte de chaînon manquant entre le matériel de base et la première adaptation. Le ton général de la série Mine Fujiko s’apparente davantage à la vision de Masaaki Osumi. Jusqu’à très récemment, la veste verte était associée à une époque passée de Lupin, en contraste avec un présent incarné le plus souvent par la veste rouge. Même la récente préquelle Lupin Zero utilise dans son dernier épisode la veste verte pour symboliser le rite de passage d’un Lupin encore adolescent.

Si cette connexion chronologique permet de confirmer une sorte de succession semi-canonique, elle assujettit la veste verte à une ère révolue. Ce n’est pas pour rien que pendant quelques années, les apparitions récentes de la veste verte étaient cantonnées aux OAV, fonctionnant en marge des productions principales comme les TV specials.

L’OAV Le Retour De Pycal, considéré par beaucoup de fans comme l’une des pires productions de la franchise, fait aussi emploi de la veste verte dans un contexte nostalgique. Si l’action semble se passer dans notre présent, l’esthétique générale est entièrement dévolue à imiter la partie 1, d’autant plus que l’intrigue repose sur le retour d’un antagoniste apparu dans la première série.

Cette mécanique de se relier à une version précédente de Lupin fonctionne aussi pour les épisodes hors-intrigue de la part V, dont l’un, Lupin brûle-il toujours ? est réalisé par Monkey Punch et fait directement référence au premier épisode de la première série. L’intrigue de l’épisode repose sur le retour dans le temps de Lupin à divers moments-clé de la franchise, dont la série 1 où il prend les couleurs des périodes qu’il traverse. La présence des vestes vertes, rouges, et bleu fonctionne donc comme des marqueurs temporels. L’autre épisode de la partie V prend le parti de retranscrire un certain ton propre à la période veste verte plutôt qu’évoquer des épisodes précis. Lupin y joue un rôle positif, dans un ton mêlant la partie 1 et Cagliostro sans complètement les imiter.

La partie VI récemment annoncée révèle le retour de la veste verte dans une série complète, ce qui ne s’était pas produit depuis Mine Fujiko. De plus, c’est la première fois depuis Green vs Red que Lupin porte la veste verte dans son présent, et non pas dans une période passée. Plusieurs raisons justifient ce choix. Elle célèbre le 50ième anniversaire de l’animation en faisant un rappel direct à la première série comme si la boucle était bouclée, elle est pertinente avec le décor londonien, car l’Angleterre donne au vert une symbolique très riche et ambivalente, et la veste verte encapsule justement la double nature de Lupin, héroïque et antagoniste, cimentée par le ton bipolaire de la partie 1. Le poster et le teaser mettent justement l’accent sur l’ambiguïté du personnage. Hélas, la série elle-même n’osera pas explorer plus sérieusement cette double-nature malgré quelques bonnes idées et certains épisodes ambitieux.

Incidemment, la partie 1, Cagliostro, et Fuma vont créer une association possiblement involontaire entre Lupin et la Nature. Les trois productions partagent la présence significative de lieux boisés ou de paysages naturels, où la veste verte de Lupin se confond avec l’herbe, les buissons et les feuilles, un peu comme s’il était davantage dans son élément en pleine nature qu’en milieu urbain, ce qui peut paraître un peu contradictoire avec la nature hédoniste du personnage. Il est vrai néanmoins que Lupin est un homme qui suit le plus souvent ses envies et ses désirs, et s’apparente ainsi à un esprit élémentaire et animal. Green vs Red continuera cette association avec son générique d’entrée, où la veste verte se superpose à des images de paysages forestiers tandis que la veste rouge débarque sur un fond de flammes vives.

Le succès de la veste verte ne se cantonne pas qu’à la version animée. Lupin III S (1997) pas Shusai, premier manga sans Monkey Punch, comporte deux couvertures dont une montre Lupin portant une veste verte. Lupin III H (2009-2015) par Naoya Hayakawa, qui adapte plusieurs scripts abandonnés de l’animation, comporte deux chapitres liés à la partie 1, et Lupin III T (2012-2015), dessiné par Togekinoko, montre également une veste verte sur ses couvertures. Le film live-action de 2014 donne également une veste verte à Lupin dans sa dernière scène. Même Monkey Punch dessinera quelques fois un Lupin portant une veste verte, démontrant la flexibilité du créateur du matériau d’origine dans l’approche de son œuvre.

Hors de la franchise, le Lupin à la veste verte fera des apparitions dans divers anime et cartoons, comme récemment la dernière saison de DuckTales par Disney, montrant bien que cette couleur reste associée au personnage au-delà des frontières nippones.

Si la veste rouge reste probablement la couleur la plus iconique, permettant au personnage de Lupin III d’être immédiatement reconnaissable au premier coup d’œil avec une couleur vive, la veste verte permet une implication émotionnelle plus nuancée, permettant une approche moins frontale du personnage. Le vert procure ainsi au personnage une dimension mystérieuse, accrochant le spectateur sur la longueur, et témoigne de la longue histoire de la franchise. La récurrence de cette couleur, jusqu’à la série VI de 2021 et Lupin Zero en 2022, est preuve de sa pertinence et de sa force évocatrice.

  • Guillaume Babey