La fin du blog ou un nouveau chapitre ?

Cher lecteur, je m’adresse à toi au singulier pour te prendre à parti mais aussi parce que je sais que mon lectorat est très restreint. Je suis seul responsable de la petitesse de mon auditoire. J’ai délaissé ce blog pendant deux ans, presque jour pour jour. Je pourrais justifier cet abandon par la montée en puissance exponentielle des réseaux sociaux, notamment Twitter et Instagram qui occupent à présent une grande part de mon temps sur la toile. Je pourrais invoquer ma frustration d’être si peu lu. Mais ce serait vain.

La vérité est que les moyens d’expression, artistiques ou littéraires, sont intimement liés à notre état d’esprit, ainsi qu’à notre santé sociale. Quand j’ai commencé ce blog, je vivais dans un monde fictif, me prenant pour ce que je n’étais pas, entouré de personnes toxiques, isolé dans ma dépression et ma culpabilité face à mon impuissance.

En 2017, les choses ont changé, pour le mieux. Par les soins attentifs de ma famille et de mes amis, j’ai retrouvé foi en l’existence, en moi-même. Je suis parvenu à terminer la première étape de mes études académiques après dix ans de galère et d’errances. Je suis à présent stagiaire dans une institution comblant toutes mes attentes. La vie me sourie enfin et je lui sourie en retour.

Ainsi, l’envie de tenir un blog, qui en vérité n’est rien d’autre que le journal intime d’un exhibitionniste, ne semblait plus nécessaire. Je n’ai plus aucun besoin de prouver quoi que ce soit, sur la validité de mes opinions, sur la qualité de mon style littéraire, ou sur la pertinence de mes observations sur le monde. Toutes ces choses sont principalement le fruit de l’égo. et à présent que je peux être fier d’être moi-même, je n’ai plus besoin de rassurer cet égo dévoreur et dévorant.

Mais, me direz-vous, pourquoi écrire cette note ? N’est-ce pas une complète contradiction de ce que tu viens d’écrire ? Pour être pleinement honnête, j’écris toujours, je partage toujours mes opinions et mes observations. Comme plus de la moitié de la population humaine, je réagis et partage sur les réseaux sociaux. Est-ce un comportement plus sain que celui de prendre le temps d’écrire une note de blog, aussi solitaire soit cette activité ?

Il est évident que le travail sur soi n’est jamais terminé. De part la nature bornée de l’être humain et les mutations constantes de notre quotidien, nous devons faire preuve d’une grande vigilance envers nous-mêmes. Et c’est pour cela que je ne supprime pas ce blog. Quand le besoin se fera sentir, je pourrai y revenir. Comme une station service pour ravitailler la machine à penser et ressentir, comme un vieux bar d’habitués où je retrouverais des odeurs familières.

Cela étant dit, c’est une page qui se tourne. Celle de la honte et de la douleur. Notre monde déborde de ces choses terribles. J’ai décidé de cesser de me faire souffrir. La vie est impossible à maîtriser. Comme les dinosaures de Jurassic Park, elle échappe à notre contrôle. Mais c’est en acceptant la relativité de notre puissance que l’on peut être en paix avec soi-même et les autres. La page que j’entame à présent est celle de l’accomplissement. Et c’est aussi pour cela que je ne signerai plus sous mon vieux pseudonyme.

Que le monde tel que nous le connaissons disparaisse dans le feu, ou la glace, je sais qu’à cet instant, je suis heureux. Et c’est tout ce qui compte.

 

Merci,

Guillaume Babey